Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/87

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viati ce soir. — Demain nous verrons toutes les choses plus sagement.

Philippe.

N’en doute pas ; Pierre le tuera, ou il se fera tuer.

Il ouvre la fenêtre.

Où sont-ils maintenant ? Voilà la nuit ; la ville se couvre de profondes ténèbres ; ces rues sombres me font horreur ; — le sang coule quelque part ; j’en suis sûr.

Le prieur.

Calmez-vous.

Philippe.

À la manière dont mon Pierre est sorti, je suis sûr qu’il ne rentrera que vengé ou mort. Je l’ai vu décrocher son épée en fronçant le sourcil ; il se mordait les lèvres, et les muscles de ses bras étaient tendus comme des arcs. Oui, oui, maintenant il meurt ou il est vengé ; cela n’est pas douteux.

Le prieur.

Remettez-vous, fermez cette fenêtre.

Philippe.

Eh bien ! Florence, apprends-la donc à tes pavés, la couleur de mon noble sang ! Il y a quarante de tes fils qui l’ont dans les veines. Et moi, le chef de cette famille immense, plus d’une fois encore ma tête blanche se penchera du haut de ces fenêtres, dans les angoisses paternelles ! plus d’une fois ce sang, que tu bois peut-être à cette heure avec indifférence, séchera au soleil de tes places ! Mais ne ris pas ce soir du