Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/118

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Berthaud.

Toi ? Mon père est fermier, pas si gros que le vôtre ;
Mais enfin, dans ce monde, on vit l’un portant l’autre.

Lisette.

Tu crois donc que ma main serait digne de toi ?

Berthaud.

Dame ! si vous vouliez, il ne tiendrait qu’à moi.
Écoutez, puisqu’enfin la parole est lâchée,
Et puisqu’à votre avis vous n’êtes point fâchée.
Vous êtes bien gentille, on le sait, on voit clair ;
Mais, moi, je ne suis pas si laid que j’en ai l’air.
Si la grosse Margot n’était point tant fautive,
J’en aurais vu le tour, oui, sans crier qui vive,
Et dans la rue aux Ours, où je loge à présent,
On ne remarque pas que je sois déplaisant.
Je sais signer moi-même, et je lis dans des livres.
Je viens de vous conter que j’avais vingt-six livres,
Mais il est des secrets qu’on peut vous confier ;
Mon maître, au jour de l’an, va me gratifier.
C’est déjà quelque chose. À présent, autre idée :
Ma tante Labalue est presque décédée.
Elle a dans ses tiroirs, qu’il soit dit entre nous,
Pour plus de cent écus en joyaux et bijoux.
On ne sait pas les grains qu’elle amassait chez elle,
Ni les hardes qu’elle a sans compter sa vaisselle.
Elle a mis trois quarts d’heure à faire un testament,
Et j’hérite de tout universellement.
Ça commence à sourire. Encore une autre histoire :