Aller au contenu

Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

se promener au milieu du quadrille, comme dans l’allée d’un jardin ?

Germain.

Parbleu ! monsieur, il a fait la pareille, l’autre soir, chez madame la comtesse. Il y avait grande compagnie, et M. Vertigo, le poète d’à côté, lisait un mélodrame en vers. À l’endroit le plus touchant, monsieur, quand la jeune fille empoisonnée reconnaissait son père parmi les assassins, quand toutes ces dames fondaient en larmes, voilà mon maître qui se lève et s’en va boire le verre d’eau que l’auteur avait sur sa table. Tout l’effet de la scène a été manqué.

Le baron.

Cela ne m’étonne pas. Il a bien mis un jour trente sous dans une tasse de thé que lui présentait une charmante personne, croyant qu’elle quêtait pour les pauvres.

Germain.

L’hiver dernier, vous étiez absent, lors du mariage de monsieur son frère. Il devait, comme vous pensez, faire les honneurs au repas de noces. J’entre chez lui, vers le soir, pour l’aider à faire sa toilette. Il me renvoie, se déshabille lui-même, puis se promène une heure durant, sauf votre respect, en chemise ; après quoi il s’arrête court, se regarde dans la glace avec étonnement : Que diable fais-je donc ? se demande-t-il ; parbleu ! il fait nuit, je me couche. Et là-dessus il se