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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/216

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ma vie entière ; je lui fais en toute confiance l’aveu sincère de mon amour ; je lui demande sa main le plus clairement et le plus honnêtement du monde, et elle me repousse avec cette dureté ! C’est une chose inconcevable ; plus j’y réfléchis, moins je le comprends.

Il se lève et se promène à grands pas sans voir la comtesse.

Il faut sans doute que j’aie commis à mon insu quelque faute impardonnable.

La comtesse, lui présentant le papier quand il passe devant elle.

Tenez, Valberg, lisez donc cela.

Le marquis, de même.

Impardonnable ? ce n’est pas possible. Quand je la reverrai, elle me pardonnera. Allons, Germain, je veux sortir. Oui, sans doute, il faut que je la revoie. Elle est si bonne, si indulgente ! et si gracieuse et si belle ! pas une femme ne lui est comparable.

La comtesse, à part.

Je laisse passer cette distraction-là.

Le marquis, de même.

Il est bien vrai qu’elle est coquette en diable, et paresseuse… à faire pitié ! Son étourderie continuelle…

La comtesse, présentant le papier.

Le portrait se gâte… Monsieur de Valberg !

Le marquis, de même.

Son étourderie continuelle pourrait-elle véritablement convenir à un homme raisonnable ? Aurait-elle ce calme, cette présence d’esprit, cette égalité de caractère