Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Steinberg, lisant.

Qu’est-ce que tu marmottes entre tes dents ?

Calabre.

Moi, monsieur, je n’ai pas dit un mot.

Steinberg.

Vous vous mêlez de bien des choses, monsieur Calabre ; vous vous donnez des airs d’importance, sous prétexte de discrétion, qui ne me conviennent pas du tout, je vous en avertis.

Calabre.

Si la discrétion est un tort…

Steinberg.

Assurément, lorsqu’elle est affectée, lorsqu’en se taisant, on laisse croire qu’on pourrait avoir quelque chose à dire.

Calabre.

Hé ! de quoi parlerais-je, monsieur ? Est-ce ma faute si la princesse ?…

Steinberg.

Eh bien ! qu’est-ce ? que voulez-vous dire ? Toujours cette princesse ! Qu’est-ce donc ? Nous habitons cette maison depuis un mois. La princesse est notre voisine de campagne, et son palais est à deux pas de nous. Qu’y a-t-il d’étonnant, qu’y a-t-il d’étrange à ce qu’il existe entre nous des relations de bon voisinage et même d’amitié, si l’on veut ? Nous ne sommes pas ici en France, où l’on vit dix ans sur le même palier sans se saluer quand on se rencontre, ni en Angleterre, où