Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/254

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Le marquis.

Oh ! pour cela, j’en défie… Mais c’est égal, cela me fend le cœur de penser que je ne pourrai plus, après le dîner, m’aller blottir dans ce cher petit coin où j’étais à demeure pour me délecter à vous entendre.

Bettine.

Oui, vous étiez un de mes fidèles.

Le marquis.

Pour cela, je m’en vante. L’allumeur de chandelles me faisait chaque soir un petit salut en accrochant son dernier quinquet, car je ne manquais pas d’arriver dans ce moment-là. Ma foi, j’étais de la maison.

Bettine.

Mieux que cela, marquis ; je m’en souviens très bien que vous avez été mon chevalier.

Le marquis.

C’est vrai. Contre ce grand benêt d’officier.

Bettine.

Qui m’avait sifflée dans Tancrède.

Le marquis.

Justement. Je le provoquai en Orbassan, et j’en reçus le plus rude coup d’épée. Ah ! c’était le bon temps, celui-là !

Bettine.

Oui. Ah, Dieu ! que tout cela est loin !

Le marquis.

C’est votre refrain, à ce qu’il paraît ? Que dirai-je donc, moi qui suis vieux ?