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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/253

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Le marquis.

Aussi, quand je vous voyais revenir dans votre grande robe lamée d’or, avec vos trois diadèmes l’un sur l’autre, étincelante de diamants…

Bettine.

Je chantais bien mieux, n’est-ce pas ?

Le marquis.

Je n’en sais rien, mais c’était charmant. Tra, tra, comment était-ce donc ?

Bettine, chante les premières mesures de l’air final de la Cenerentola, puis s’arrête tout à coup et dit :

Ah ! que tout cela est loin maintenant !

Le marquis.

Que dites-vous donc là ? Renoncez-vous au théâtre ?

Bettine.

Il le faut bien. Est-ce que mon mari (je dis mon mari, il le sera tout à l’heure) me laisserait remonter sur la scène ? Cela ne se pourrait pas, marquis. Songez-y donc sérieusement.

Le marquis.

C’est selon le goût et les idées des gens. Mais vous ne renoncez pas du moins à la musique ?

Bettine.

Ah ! je crois bien. Est-ce que je pourrais ? Nous en vivons ici, cher marquis, et quand vous nous ferez l’honneur de venir manger la soupe, nous vous en ferons tant que vous voudrez,… plus que vous n’en voudrez.