Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/262

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Calabre ! N’est-ce pas que c’est mal de ne m’en avoir rien dit ?

Le marquis.

Je ne vois de sa part, dans tout cela, qu’un excès de délicatesse.

Bettine.

N’est-ce pas ? Oh ! c’est que mon Steinberg n’a pas l’âme faite comme tout le monde… Il pourrait pourtant revenir plus vite.

Le marquis.

Une femme qui joue et qui gagne au jeu, et qu’on paye dans les vingt-quatre heures, comme un huissier, croyez-moi, ma chère, ce n’est pas celle-là qu’on aime.

Bettine.

Mais j’y pense, je me trompe encore. Dis-moi, Calabre, que ne t’envoyait-il porter cet argent ?

Calabre.

Madame, c’est qu’il ne l’avait pas. Il lui fallait aller à la ville le demander à son correspondant.

Bettine.

Mais j’en avais, moi, de l’argent. Ah ! que c’est mal ! que c’est cruel ! C’est donc une somme considérable ?

Calabre.

Non, madame, je ne sais pas au juste, mais il m’a dit que cela ne le gênait point.

Le marquis.

Allons, madame et charmante amie, je vous quitte,