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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/302

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estimer, si vous ne voyez ici qu’une affaire d’intérêt ? Ah ! que Steinberg fût revenu à moi, est-ce que le reste comptait pour quelque chose ? Mais c’est ainsi que juge le monde. — Un amour trompé, qu’est-ce que cela ? Une femme qu’on abandonne, un serment qu’on trahit, un lien sacré qu’on brise, ce ne sont que des bagatelles ! cela se voit tous les jours, cela se raconte, cela égaie la bonne compagnie ! mais qu’il s’agisse de quelques écus de moins, de quelques misérables poignées de jetons qu’on aura perdus par hasard, oh ! alors chacun vous plaindra, et votre souffrance pécuniaire sera l’objet d’une pitié sordide, à faire monter la rougeur au front.

Le marquis.

Votre chagrin est cause, Bettine, que vous adressez mal vos reproches.

Bettine.

Oui, mon ami, vous avez raison. Je sais qui vous êtes, je vous offense ; mais ce que j’éprouve est si affreux, qu’il faut me pardonner ce que je puis dire, car je n’en sais rien, je suis au fond d’un abîme. Tenez, Stéfani, lisez-moi cela. Lisez tout haut, je vous en prie.

Le marquis, lisant.

« Ma chère Bettine,

« Bien que vous ayez agi sans mon consentement, je suis obligé de vous remercier de ce que vous venez de faire pour moi… »

Bettine.

Obligé de me remercier !