Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/328

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comme une fleur, pâlit tout à coup et chancelle, puis, quand on lui demande ce qu’elle souffre, répond seulement : Je me meurs… Antoine, combien de fois j’ai cherché d’un œil avide le secret de sa souffrance, dans sa souffrance même ! Rien ne me répondait, pas un signe, pas un indice clair et visible, rien devant moi que la douleur muette, car la pauvre enfant ne se plaint jamais ; et moi, le cœur brisé de tristesse, plein de mon inutilité, je regarde les rayons poudreux où sont entassés depuis des années les misérables produits de la science. Peut-être, me dis-je, y a-t-il là dedans un remède qui la sauverait, une goutte de cordial, une plante salutaire ; mais laquelle ? comment deviner ?]

Perillo, à part.

Mes pressentiments étaient donc fondés ; je suis venu pour trouver cela.

Haut.

Ce que vous me dites, monsieur, est horrible. Me sera-t-il permis de voir Carmosine ?

Maître Bernard.

Sans doute, quand elle s’éveillera ; mais elle est bien faible, Perillo. Peut-être nous faudra-t-il d’abord la préparer à ta venue, car la moindre émotion la fatigue beaucoup et suffit quelquefois pour la priver de ses sens. Elle t’a aimé, elle t’aime encore, tu devais l’épouser,… tu me comprends.

Perillo.

J’agirai comme il vous plaira. Faut-il que je m’éloigne