Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/335

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Maître Bernard.

Eh bien ! ma chère, puisque ce songe t’a mise de si bonne humeur, et puisqu’il est vrai sur ce point, apprends qu’il l’est aussi sur un autre. J’hésitais à t’en informer, mais maintenant je n’ai plus de scrupule : Perillo est dans cette ville.

Carmosine.

Vraiment ! depuis quand ?

Maître Bernard.

De ce matin même, et tu le verras quand tu voudras. Le pauvre garçon sera bien heureux, car il t’aime plus que jamais. Dis un mot et il sera ici.

Carmosine.

Vous m’effrayez. — Il y est peut-être !

Maître Bernard.

Non, mon enfant, non, pas encore ; il attend qu’on l’avertisse pour se montrer. Est-ce que tu ne serais pas bien aise de le voir ? Il ne t’a pas déplu dans ton rêve ; il ne te déplaisait pas jadis. Il est docteur en droit à présent : c’est un personnage que ce bambin, avec qui tu jouais à cligne-musette, et c’est pour toi qu’il a étudié, car tu sais qu’il a ma parole. Je ne voulais pas t’en parler, mais grâce à Dieu…

Carmosine.

Jamais ! jamais !

Maître Bernard.

Est-il possible ? ton compagnon d’enfance, ce digne et excellent garçon, le fils unique de mon meilleur