Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/92

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La marquise.

L’amour ?

Le comte.

L’amour. Et quand même on ne ferait que s’imaginer…

La marquise.

Donnez-moi l’écran qui est là.

Le comte.

Celui-là ?

La marquise.

Non, celui de taffetas ; voilà votre feu qui m’aveugle.

Le comte, donnant l’écran à la marquise.

Quand même on ne ferait que s’imaginer qu’on aime, est-ce que ce n’est pas une chose charmante ?

La marquise.

Mais je vous dis, c’est toujours la même chose.

Le comte.

Et toujours nouveau, comme dit la chanson. Que voulez-vous donc qu’on invente ? Il faut apparemment qu’on vous aime en hébreu. Cette Vénus qui est là sur votre pendule, c’est aussi toujours la même chose ; en est-elle moins belle, s’il vous plaît ? Si vous ressemblez à votre grand’mère, est-ce que vous en êtes moins jolie ?

La marquise.

Bon, voilà le refrain : jolie. Donnez-moi le coussin qui est près de vous.