Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/95

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vos railleries, votre froideur même, m’ont entraîné plus loin qu’il ne fallait peut-être ; mais ce n’est pas d’aujourd’hui seulement, c’est du premier jour où je vous ai vue, que je vous aime, que je vous adore… Je n’exagère pas en m’exprimant ainsi ;… oui, depuis plus d’un an, je vous adore, je ne songe…

La marquise.

Adieu.

La marquise sort et laisse la porte ouverte.
Le comte, demeuré seul, reste un moment encore à genoux, puis il se lève et dit :

C’est la vérité que cette porte est glaciale.

Il va pour sortir, et voit la marquise.
Le comte.

Ah ! marquise, vous vous moquez de moi.

La marquise, appuyée sur la porte entr’ouverte.

Vous voilà debout ?

Le comte.

Oui, et je m’en vais pour ne plus jamais vous revoir.

La marquise.

Venez ce soir au bal, je vous garde une valse.

Le comte.

Jamais, jamais je ne vous reverrai ! je suis au désespoir, je suis perdu.

La marquise.

Qu’avez-vous ?