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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Confession d’un enfant du siècle.djvu/192

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CHAPITRE VII


Madame Pierson, après avoir parlé ainsi, garda le silence, comme attendant une réponse. Comme je restais accablé de tristesse, elle retira doucement sa main, recula de quelques pas, s’arrêta encore, puis rentra lentement chez elle.

Je demeurai sur le gazon. Je m’attendais à ce qu’elle m’avait dit ; ma résolution fut prise aussitôt, et je me décidai à partir. Je me relevai le cœur navré, mais ferme, et je fis le tour du jardin. Je regardai la maison, la fenêtre de sa chambre ; je tirai la grille en sortant, et, après l’avoir fermée, je posai mes lèvres sur la serrure.

Rentré chez moi, je dis à Larive de préparer ce qu’il fallait, et que je comptais partir dès qu’il ferait jour. Le pauvre garçon en fut étonné ; mais je lui fis signe d’obéir et de ne pas questionner. Il apporta une grande malle, et nous commençâmes à tout disposer.

Il était cinq heures du matin, et le jour commençait à paraître, lorsque je me demandai où j’irais. À cette pensée si simple, qui ne m’était pas encore venue, je me sentis un découragement irrésistible. Je jetai les