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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Confession d’un enfant du siècle.djvu/191

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presque aussitôt une fleur me tomba sur l’épaule. C’était une rose que, le soir même, j’avais vue sur son sein ; je la ramassai et la portai à mes lèvres.

— Qui est là, dit-elle, à cette heure ? est-ce vous ? Elle m’appela par mon nom.

La grille du jardin était entr’ouverte ; je me levai sans répondre et j’y entrai. Je m’arrêtai au milieu de la pelouse ; je marchais comme un somnambule, et sans savoir ce que je faisais.

Tout à coup je la vis paraître à la porte de l’escalier ; elle paraissait incertaine, et regardait attentivement aux rayons de la lune. Elle fit quelques pas vers moi ; je m’avançai. Je ne pouvais parler ; je tombai à genoux devant elle et saisis sa main.

— Écoutez-moi, dit-elle, je le sais ; mais si c’est à ce point, Octave, il faut partir. Vous venez ici tous les jours, n’êtes-vous pas le bienvenu ? N’est-ce pas assez ? que puis-je pour vous ? mon amitié vous est acquise ; j’aurais voulu que vous eussiez eu la force de me garder la vôtre plus longtemps.