Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/122

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VI


Il n’y avait pas plus de quinze jours de cela, lorsque Valentin, en sortant de chez madame Delaunay, oublia son mouchoir sur un fauteuil. Quand le jeune homme fut parti, madame Delaunay ramassa le mouchoir, et ayant, par hasard, regardé la marque, elle trouva un I et un P très délicatement brodés. Ce n’était pas le chiffre de Valentin ; à qui appartenait ce mouchoir ? Le nom d’Isabelle de Parnes n’avait jamais été prononcé rue du Plat-d’Étain, et la veuve, par conséquent, se perdait en vaines conjectures. Elle retournait le mouchoir dans tous les sens, regardait un coin, puis un autre, comme si elle eût espéré découvrir quelque part le véritable nom du propriétaire.

Et pourquoi, me demanderez-vous, tant de curiosité pour une chose si simple ? On emprunte tous les jours un mouchoir à un ami, et on le perd ; cela va sans dire. Qu’y a-t-il là d’extraordinaire ? Cependant madame Delaunay examinait de près la fine batiste, et lui trouvait un air féminin qui lui faisait hocher la tête. Elle se connaissait en broderie, et le dessin lui paraissait bien riche pour sortir de l’armoire d’un garçon. Un indice