Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/143

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faire se rencontrer la veuve et la marquise, qu’elles s’étaient entendues ensemble, et qu’elles lui envoyaient ce coussin d’un commun accord, pour lui apprendre que sa perfidie était démasquée ; tantôt il se disait que madame Delaunay avait surpris sa conversation de la veille dans le jardin, et qu’elle avait voulu, pour lui faire honte, remplir la promesse de madame de Parnes. De toute façon, il se voyait découvert, abandonné de ses deux maîtresses, ou tout au moins de l’une des deux. Après avoir passé une heure à rêver, il résolut de sortir d’incertitude. Il alla chez madame Delaunay, qui le reçut comme à l’ordinaire, et dont le visage n’exprima qu’un peu d’étonnement de le voir si matin.

Rassuré d’abord par cet accueil, il parla quelque temps de choses indifférentes ; puis, dominé par l’inquiétude, il demanda à la veuve si sa tapisserie était terminée. — Oui, répondit-elle. — Et où est-elle donc ? demanda-t-il. À cette question, madame Delaunay se troubla et rougit. — Elle est chez le marchand, dit-elle assez vite. Puis elle se reprit, et ajouta : Je l’ai donnée à monter ; on va me la rendre.

Si Valentin avait été surpris de reconnaître le coussin, il le fut encore davantage de voir la veuve se troubler lorsqu’il lui en parla. N’osant pourtant faire de nouvelles questions, de peur de se trahir, il sortit de suite, et s’en fut chez la marquise. Mais cette visite lui en apprit encore moins ; quand il fut question de la causeuse, madame de Parnes, pour toute réponse, fit un