Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/153

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ce que vous désiriez, n’en essayez pas davantage.

— Mais vous comprenez peut-être, répondit madame de Parnes, que je ne suis pas assez sotte non plus pour attacher à cette bagatelle plus d’importance que vous ; et, s’il m’arrivait d’insister, vous comprendriez encore que je voudrais savoir jusqu’à quel point c’est une bagatelle.

— Soit, mais je vous demanderai, pour vous répondre, si c’est l’orgueil ou l’amour qui vous pousse.

— C’est l’un et l’autre. Vous ne savez pas qui je suis : la légèreté de ma conduite avec vous vous a donné de moi une opinion que je vous laisse, parce que vous ne la feriez partager à personne ; pensez sur mon compte comme il vous plaira, et soyez infidèle si bon vous semble, mais gardez-vous de m’offenser.

— C’est peut-être l’orgueil qui parle en ce moment, madame ; mais convenez donc que ce n’est pas l’amour.

— Je n’en sais rien ; si je ne suis pas jalouse, il est certain que c’est par dédain. Comme je ne reconnais qu’à M. de Parnes le droit de surveillance sur moi, je ne prétends non plus surveiller personne. Mais comment osez-vous me répéter deux fois un nom que vous devriez taire ?

— Pourquoi le tairais-je, quand vous m’interrogez ? Ce nom ne peut faire rougir ni la personne à qui il appartient ni celle qui le prononce.

— Eh bien ! achevez donc de le prononcer.

Valentin hésita un moment.