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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/152

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sa complaisance ; c’est ainsi qu’un enfantillage devient grave quand l’orgueil s’en mêle, et qu’on s’est brouillé quelquefois pour moins encore qu’un coussin brodé.

Tandis que madame de Parnes, reprenant son air gracieux, ne dissimulait pas sa joie, Valentin ne pouvait détacher ses regards du coussin, qui, à dire vrai, n’était pas fait pour servir de tabouret. Contre sa coutume, la marquise était venue à pied, et la tapisserie de la veuve, repoussée bientôt au milieu de la chambre, portait l’empreinte poudreuse du brodequin qui l’avait foulée. Valentin ramassa le coussin, l’essuya et le posa sur un fauteuil.

— Allons-nous encore nous quereller ? dit en souriant la marquise. Je croyais que vous me laissiez faire et que la paix était conclue.

— Ce coussin est blanc ; pourquoi le salir ?

— Pour s’en servir, et quand il sera sale, mademoiselle Julie nous en fera d’autres.

— Écoutez-moi, madame la marquise, dit Valentin. Vous comprenez très bien que je ne suis pas assez sot pour attacher de l’importance à un caprice ni à une bagatelle de cette sorte. S’il est vrai que le déplaisir que je ressens de ce que vous faites puisse avoir quelque motif que vous ignorez, ne cherchez pas à l’approfondir, ce sera le plus sage. Vous vous êtes trouvée mal tout à l’heure, je ne vous demande pas si cet évanouissement était bien profond ; vous avez obtenu