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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/251

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songer ; tantôt il voulait se nier l’existence même de Monna Bianchina, afin de chercher plus à l’aise. Cependant il avait tiré ses rideaux, et il s’était enfoncé du côté de la ruelle pour ne pas voir le jour ; tout à coup il sauta à bas de son lit, et appela ses domestiques. Il venait de faire une réflexion bien simple qui ne s’était pas d’abord présentée à lui. Monna Bianchina n’était pas riche ; elle n’avait qu’une servante, et cette servante n’était pas une négresse, mais une grosse fille de Chioja. Comment aurait-elle pu se procurer, pour cette occasion, cette messagère inconnue que Pippo n’avait jamais vue à Venise ? — Bénis soient ta noire figure, s’écria-t-il, et le soleil africain qui l’a colorée ! Et, sans s’arrêter plus longtemps, il demanda son pourpoint et fit avancer sa gondole.