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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/252

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II


Il avait résolu d’aller rendre visite à la signora Dorothée, femme de l’avogador Pasqualigo. Cette dame, respectable par son âge, était des plus riches et des plus spirituelles de la république ; elle était, en outre, marraine de Pippo, et, comme il n’y avait pas une personne de distinction à Venise qu’elle ne connût, il espérait qu’elle pourrait l’aider à éclaircir le mystère qui l’occupait. Il pensa toutefois qu’il était encore trop matin pour se présenter chez sa protectrice, et il fit un tour de promenade, en attendant, sous les Procuraties.

Le hasard voulut qu’il y rencontrât précisément Monna Bianchina, qui marchandait des étoffes ; il entra dans la boutique, et, sans trop savoir pourquoi, après quelques paroles insignifiantes, il lui dit : Monna Bianchina, vous m’avez envoyé ce matin un joli cadeau, et vous m’avez donné un sage conseil ; je vous en remercie bien humblement.

En s’exprimant avec cet air de certitude, il comptait peut-être s’affranchir sur-le-champ du doute qui l’avait tourmenté ; mais Monna Bianchina était trop rusée pour témoigner de l’étonnement avant d’avoir examiné s’il