Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes I.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

il ne s’étonna pas de voir une femme masquée traverser la galerie avec Pippo. Mais lorsqu’il vit la dame, auprès de la porte, relever la barbe de son masque, et Pippo lui donner un baiser d’adieu, il s’avança sans bruit et prêta l’oreille.

— Ne m’avais-tu jamais remarquée ? demandait gaiement Béatrice.

— Si, répondit Pippo, mais je ne connaissais pas ton visage ; toi-même, sois-en sûre, tu ne te doutes pas de ta beauté.

— Ni toi non plus ; tu es beau comme le jour, mille fois plus que je ne le croyais. M’aimeras-tu ?

— Oui, et longtemps.

— Et moi toujours.

Ils se séparèrent sur ces mots, et Pippo resta sur le pas de sa porte, suivant des yeux la gondole qui emportait Béatrice Donato.