Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/123

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Les parents, d’autre part, commencèrent à se complimenter réciproquement, à trouver charmante cette petite fête, et à se faire remarquer les uns aux autres la gentillesse de leurs progénitures. Ce fut bientôt un grand bruit de rires enfantins, de plaisanteries de café entre les jeunes gens, de causeries de chiffons entre les jeunes filles, de bavardages entre les papas, de politesses aigres-douces entre les mamans, bref un bal d’enfants en province.

Le chevalier ne quittait pas des yeux sa fille, qui, on le pense bien, n’était pas de la contredanse. Camille regardait la fête avec une attention un peu triste. Un petit garçon vint l’inviter. Elle secoua la tête pour toute réponse ; quelques bluets tombèrent de sa couronne, qui n’était pas bien solide. Madame des Arcis les ramassa, et eut bientôt réparé, avec quelques épingles, le désordre de cette coiffure qu’elle avait faite elle-même ; mais elle chercha vainement ensuite son mari : il n’était plus dans la salle. Elle fit demander s’il était parti, et s’il avait pris la voiture. On lui répondit qu’il était retourné chez lui à pied.