Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/188

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politesses froides, mais sans nulle contrainte, qu’échangèrent Tristan et la marquise, il ne semblait pas, en effet, que rien d’extraordinaire se fût passé la veille. La marquise apportait à madame de Berville, qui aimait les oiseaux, un nid de rouges-gorges ; la Bretonnière l’avait dans son chapeau. On descendit dans le jardin et on alla voir la volière. La Bretonnière, bien entendu, donna le bras à la baronne ; les deux jeunes gens restèrent près de madame de Vernage. Elle paraissait plus gaie que de coutume ; elle marchait au hasard de côté et d’autre sans respect pour les buis de la baronne, et tout en se faisant un bouquet au passage.

— Eh bien ! messieurs, dit-elle, quand chassons-nous ?

Armand attendait cette question pour entendre Tristan annoncer son départ. Il l’annonça effectivement du ton le plus calme ; mais, en même temps, il fixa sur la marquise un regard pénétrant, presque dur et offensif. Elle ne parut y faire aucune attention, et ne lui demanda même pas quand il comptait revenir.

— En ce cas-là, reprit-elle, monsieur Armand, vous serez le seul représentant des Berville que nous verrons à Renonval ; car je suppose que nous vous aurons. La Bretonnière dit qu’il a découvert, avec les lunettes de mon garde, une espèce de cochon sauvage à qui la barbe vient comme aux oiseaux les plumes…

— Point du tout, dit la Bretonnière, c’est une sorte