de truie chinoise, de couleur noire, appelée tonkin. Lorsque ces animaux quittent la basse-cour et s’habituent à vivre dans les bois…
— Oui, dit la marquise, ils deviennent farouches, et, à force de manger du gland, les défenses leur poussent au bout du museau.
— C’est de toute vérité, répondit la Bretonnière, non pas, il est vrai, à la première, ni même à la seconde génération ; mais il suffit que le fait existe, ajouta-t-il d’un air satisfait.
— Sans doute, reprit madame de Vernage, et si un homme s’avisait de faire comme mesdames les tonkines, de s’installer dans une forêt, il en résulterait que ses petits-enfants auraient des cornes sur la tête. Et c’est ce qui prouve, continua-t-elle en frappant de son bouquet sur la main de Tristan, qu’on a grand tort de faire le sauvage : cela ne réussit à personne.
— Cela est encore vrai, dit la Bretonnière ; la sauvagerie est un grand défaut.
— Elle vaut pourtant mieux, répondit Tristan, qu’une certaine espèce de domesticité.
La Bretonnière ouvrait de grands yeux, ne sachant trop s’il devait se fâcher.
— Oui, dit madame de Berville à la marquise, vous avez bien raison. Grondez-moi ce méchant garçon, qui est toujours sur les grands chemins, et qui veut encore nous quitter ce soir pour aller à Paris. Défendez-lui donc de partir.