Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


V


Armand, comme on le pense bien, avait attendu impatiemment le retour de son frère, afin d’apprendre le résultat de l’entretien avec Javotte. Tristan rentra chez lui tout joyeux.

— Victoire ! mon cher, s’écria-t-il ; nous avons gagné la bataille, et mieux encore, car nous aurons demain tous les plaisirs du monde à la fois.

— Bah ! dit Armand ; qu’y a-t-il donc ? tu as un air de gaieté qui fait plaisir à voir.

— Ce n’est pas sans raison ni sans peine. Javotte a hésité ; elle a bavardé ; elle m’a fait des discours à dormir debout ; mais enfin elle cédera, j’en suis certain ; je compte sur elle. Ce soir, nous aurons mon bracelet, et demain matin, pour nous distraire, nous nous battrons avec la Bretonnière.

— Encore ce pauvre homme ! Tu lui en veux donc beaucoup ?

— Non, en vérité, je n’ai plus de rancune contre lui. Je l’ai rencontré, je l’ai envoyé promener, je lui donnerai un coup d’épée, et je lui pardonne.

— Où l’as-tu donc vu ? chez ta belle ?