Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/253

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arrière songeant peut-être à la retraite, lorsque Marcel, ayant fermé la porte à double tour, jeta bruyamment la clef sur la table.

— Personne encore ! s’écria-t-il. Que font donc nos amis ? Mais n’importe, le sauvage nous appartient. Mesdemoiselles, je vous présente le plus vertueux jeune homme de France et de Navarre, qui désire depuis longtemps avoir l’honneur de faire votre connaissance, et qui est, particulièrement, grand admirateur de mademoiselle Pinson.

La contredanse s’arrêta de nouveau ; mademoiselle Pinson fit un léger salut, et reprit son bonnet.

— Eugène ! s’écria Marcel, c’est aujourd’hui ma fête ; ces deux dames ont bien voulu venir la célébrer avec nous. Je t’ai presque amené de force, c’est vrai ; mais j’espère que tu resteras de bon gré, à notre commune prière. Il est à présent huit heures à peu près ; nous avons le temps de fumer une pipe en attendant que l’appétit nous vienne.

Parlant ainsi, il jeta un regard significatif à mademoiselle Pinson, qui, le comprenant aussitôt, s’inclina une seconde fois en souriant, et dit d’une voix douce à Eugène : Oui, monsieur, nous vous en prions.

En ce moment les deux étudiants que Marcel avait invités frappèrent à la porte. Eugène vit qu’il n’y avait pas moyen de reculer sans trop de mauvaise grâce, et, se résignant, prit place avec les autres.