Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/348

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vous demandez un emploi de cornette,… vous l’aurez demain, et, si Athénaïs vous plaît, vous serez bientôt mon neveu.

— Oh ! madame, quel excès de bonté !

— Mais il faut parler.

— Non, madame.

— On m’avait dit que vous aimiez cette petite fille.

— Autant qu’on peut aimer ; mais si jamais mon amour peut s’avouer devant elle, il faut que mon honneur y soit aussi.

— Vous êtes bien entêté, chevalier ! Est-ce là votre dernière réponse ?

— C’est la dernière, comme la première.

— Vous refusez d’entrer aux gardes ? Vous refusez la main de ma nièce ?

— Oui, madame, si c’est à ce prix.

Madame d’Estrades jeta sur le chevalier un regard perçant, plein de curiosité ; puis, ne voyant sur son visage aucun signe d’hésitation, elle s’éloigna lentement et se perdit dans la foule.

Le chevalier, ne pouvant rien comprendre à cette singulière aventure, alla s’asseoir dans un coin de la galerie.

— Que pense faire cette femme ? se disait-il ; elle doit être un peu folle. Elle veut bouleverser l’État au moyen d’une sotte calomnie, et, pour mériter la main de sa nièce, elle me propose de me déshonorer ! Mais Athénaïs ne voudrait plus de moi, ou, si elle se prêtait à une pareille intrigue, ce serait moi qui la refu-