Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Nouvelles et Contes II.djvu/349

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serais ! Quoi ! tâcher de nuire à cette bonne marquise, la diffamer, la noircir ;… jamais ! non, jamais !

Toujours fidèle à ses distractions, le chevalier, très probablement, allait se lever et parler tout haut, lorsqu’un petit doigt, couleur de rose, lui loucha légèrement l’épaule. Il leva les yeux, et vit devant lui les deux masques pareils qui l’avaient arrêté.

— Vous ne voulez donc pas nous aider un peu, dit l’un des masques, déguisant sa voix. Mais, bien que les deux costumes fussent tout à fait semblables, et que tout parût calculé pour donner le change, le chevalier ne s’y trompa point. Le regard ni l’accent n’étaient plus les mêmes.

— Répondrez-vous, monsieur ?

— Non, madame.

— Écrirez-vous ?

— Pas davantage.

— C’est vrai que vous êtes obstiné. Bonsoir, lieutenant.

— Que dites-vous, madame ?

— Voilà votre brevet, et votre contrat de mariage.

Et elle lui jeta son éventail.

C’était celui que le chevalier avait déjà ramassé deux fois. Les petits amours de Boucher se jouaient sur le parchemin, au milieu de la nacre dorée. Il n’y avait pas à en douter, c’était l’éventail de madame de Pompadour.

— Ô ciel ! marquise, est-il possible ?…