Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/125

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Revue passa sans difficulté. Je dois même ajouter que son admission à la collaboration de ce recueil littéraire ayant éveillé de la jalousie et donné lieu à des récriminations, le directeur prit sa défense et le maintint dans sa position avec une fermeté qu’il fallut pousser jusqu’à l’entêtement. Tous ceux qui ont connu Alfred de Musset savent combien il ressemblait à la fois aux deux personnages d’Octave et de Cœlio, quoique ces deux figures semblent aux antipodes l’une de l’autre. On ne trouve pas ailleurs qu’en soi-même cet humour, cette gaieté intarissable, cette insouciance railleuse qui animent les scènes entre Marianne et Octave. Que l’auteur ait été ainsi, on le croira facilement ; mais, pour concevoir que le même homme se puisse retrouver dans Cœlio avec la passion contenue, l’exaltation plaintive et douce de ce timide amant, il faut se dire que l’amour a le pouvoir de nous transformer. Une fois amoureux, Alfred passait incontinent d’un rôle à l’autre ; et cela n’a rien d’incroyable : des peines d’amour que ressent un ami, on se console aisément, on les prend en philosophe ; mais des siennes, on ne rit plus ; on en souffre bel et bien ; et d’Octave qu’on était on devient Cœlio. Pour créer la noble et tendre figure d’Hermia, l’auteur n’eut pas à chercher loin ; il en avait le modèle sous les yeux dans la personne de sa mère, toujours occupée de lui épargner un souci ou d’ajouter quelque chose à son bien-être. Quant à Marianne, lorsque je