belliqueuse, on louvoya de l’autre côté du détroit ; mais le jour où ce roi de France qui passait pour habile, eut l’imprudence d’avouer dans ses ultimatum qu’il n’irait pas jusqu’à un conflit, ses adversaires redoublèrent d’arrogance, comme il aurait dû le prévoir. On sait le rôle pitoyable que joua la France en 1840 ; son influence fut anéantie pour longtemps en Orient. Comme tous les gens de cœur, Alfred de Musset ressentit avec douleur l’abaissement de son pays, et le jour où le dénoûment honteux se trouva consommé, il s’écria dans un accès de dépit : « Ce règne dure trop longtemps. »
Quand la politique de la paix à tout prix fut retombée dans ses ornières, Alfred s’efforça de l’oublier. Il faisait ses galeries du Théâtre-Français, quel que fût le spectacle et malgré les chaleurs de l’été. Un soir que la salle était peu garnie, — on ne jouait que du Molière, — il écrivit, en rentrant, cette curieuse pièce de vers qu’il appela Une soirée perdue, et qui tient à la fois de la satire et de l’élégie. La Revue des Deux-Mondes profita de cette gracieuse fantaisie.
Peu de temps après, madame Berryer nous invita, mon frère et moi, à venir rejoindre la marraine et d’autres personnes aimables réunies chez elle. Nous partîmes ensemble pour Augerville vers le milieu de septembre. La première partie du voyage se passa fort gaiement ; mais, pendant le trajet de Fontaine-