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suis plus aussi bonne fille que dans ce temps-là. Eh bien, je vous prouverai le contraire.

— Comment cela ? demanda Alfred.

— En allant vous voir, pour vous supplier encore une fois d’être mon auteur. »

Elle arriva, en effet, le lendemain, et demeura une heure à causer théâtre. Elle revint encore plusieurs fois les jours suivants et finit par obtenir la promesse d’un rôle. Mais Alfred se défiait un peu de la versatilité d’esprit dont Rachel lui avait déjà donné tant de preuves. Il voulut attendre. La saison des congés arriva, et Rachel partit encore pour l’Angleterre.

Une actrice nouvelle, dans toute la fleur de la jeunesse et de la beauté, venait de débuter récemment à la Comédie française. Elle demandait des rôles, et c’était avec la ferme intention de les jouer. Alfred se tourna de ce côté. Il arrangea pour la scène les Caprices de Marianne. Madeleine Brohan accepta avec reconnaissance ce rôle de Marianne que Rachel aurait dû prendre, si elle eût compris ses véritables intérêts. Cependant, en 1851, au milieu de ses succès, Rachel écrivit de Londres à son auteur une lettre pressante pour lui rappeler ses engagements. Lorsqu’elle revint à Paris, elle apprit que son auteur venait d’écrire pour Rose Chéri la pièce de Bettine, dont nous parlerons tout à l’heure. Peut-être un peu de jalousie s’en mêlant, elle insista de nouveau pour obtenir le rôle promis. Alfred, touché de tant de constance, prépara