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risse Harlowe. Le rôle de Bettine qu’il écrivit exprès pour elle fut reçu avec joie. Je n’ai pas encore compris pourquoi cette pièce a été accueillie froidement par le public du Gymnase-Dramatique. Elle ne fut jouée que vingt-cinq ou trente fois, ce qui est peu pour un théâtre de genre. Je la tiens cependant pour une des productions les plus parfaites de la plume qui écrivit le Caprice. Si elle n’a pas obtenu tout le succès qu’on en devait attendre, je n’en puis chercher la cause que dans sa perfection même, dans la poésie d’un style auquel les oreilles de ce public-là ne sont pas accoutumées, dans la maturité du génie de l’auteur et sa profonde connaissance du cœur humain. Le spectateur désorienté écoutait avec une attention extrême, mais les beautés de cet ouvrage lui passaient par-dessus la tête. Le dernier mot n’est pas dit sur Bettine[1]. Tôt ou tard on y reviendra.

Le récit des caprices de Rachel, des déboires de notre poète et de tout ce qui s’y rattache m’a entraîné plus loin que je ne voulais aller. Il faut revenir en arrière d’une année pour parler d’un petit chef-d’œuvre qu’on doit en grande partie à l’insistance et à l’habileté de M. Véron, peut-être aussi au dépit qu’avait ressenti Alfred de Musset des critiques

  1. On peut voir par une lettre de madame Allan-Despréaux, insérée dans les notes de la grande édition in-4o, que cette actrice, d’un goût excellent et d’un grand esprit, aimait beaucoup la pièce de Bettine. Elle aurait joué ce rôle, si elle n’eût été trop âgée et déjà malade.
    P. M.