Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/332

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par-dessus tout la jeunesse, l’innocence et l’ingénuité. Il faut l’avoir connu pour comprendre tout le plaisir qu’il goûtait dans la compagnie de ces aimables jeunes filles.

Un soir, il resta plus tard qu’il ne l’aurait dû sur la jetée du Havre, et il y gagna un accès de fièvre. Le lendemain, à l’heure du déjeuner, il ne parut pas à table. On s’inquiète ; on envoie le père aux informations ; on se révolte contre l’idée de passer une journée entière sans voir le nouvel ami. Je ne sais si la chambre du malade se trouvait au rez-de-chaussée, ou si la fenêtre donnait sur quelque galerie ; mais on apporta des chaises devant cette fenêtre ouverte, on s’y installa, et, de son lit, le malade se mêla aux jeux et à la conversation. Il y prit tant de plaisir que la fièvre se dissipa. Le temps passe vite dans une si douce intimité. L’heure de la séparation sonna, au grand chagrin de tout le monde. Alfred fait ses adieux et monte dans l’omnibus qui doit le mener au chemin de fer. Arrivé à l’embarcadère, il attend que sa malle soit descendue de l’impériale de la voiture. La malle ne s’y trouve point ; il la réclame et se fâche ; on ne sait ce qu’elle est devenue. Impossible de partir pour Paris sans cette pièce importante du bagage. Il remonte dans l’omnibus et retourne à l’hôtel Frascati. Devant la porte de l’hôtel, son retour est salué par des applaudissements ; les deux jeunes filles l’attendent ;