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Page:Musset - Gamiani ou Deux nuits d'excès.djvu/106

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Fanny

Comment cela ?

Gamiani

Dès que minuit sonnait, les nonnes entraient, vêtues d’une simple tunique noire, pour faire ressortir la blancheur des chairs. Toutes avaient les pieds nus, les cheveux flottants. Un service splendide paraissait bientôt comme par enchantement. La supérieure donnait le signal et l’on y répondait à l’envi. Les unes se tenaient assises, les autres couchées sur les coussins. Les mets exquis, les vins chauds irritants étaient enlevés avec un appétit dévorant. Ces figures de femmes usées par la débauche, froides, pâles aux rayons du jour, se coloraient, s’échauffaient peu à peu. Les vapeurs bachiques, les apprêts cantharidés portaient le feu dans le corps, le trouble dans la tête. La conversation s’animait, bruissait confuse et se terminait toujours par des propos obscènes, des provocations délirantes, lancées, rendues au milieu des chansons, des éclats, des chocs des