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Page:Musset - Gamiani ou Deux nuits d'excès.djvu/107

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verres et des flacons. Celle des nonnes la plus pressée, la plus emportée, tombait tout à coup sur sa voisine et lui donnait un baiser violent qui électrisait la bande entière. Les couples se formaient, s’élançaient, se tordaient dans de fougueuses étreintes. On entendait le bruit des lèvres s’appliquant sur la chair ou s’entremêlant avec fureur. Puis, partaient des soupirs étouffés, des paroles mourantes, des cris d’ardeur ou d’abattement. Bientôt les joues, les seins, les épaules ne suffisaient plus aux baisers sans frein. Les robes se relevaient ou se jetaient de côté. Alors, c’était un spectacle unique que tous ces corps de femmes, souples, gracieux, enchaînés nus l’un à l’autre, s’agitant, se pressant avec le raffinement, l’impétuosité d’une lubricité consommée. Si l’excès de plaisir différait trop au gré de l’impatient désir, on se détachait un instant pour reprendre haleine. On se contemplait avec des yeux de feu, et on luttait à qui rendrait la pose la plus lascive, la plus entraînante. Celle des deux qui triomphait par ses gestes et sa débauche,