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Page:Musset - Gamiani ou Deux nuits d'excès.djvu/108

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voyait tout à coup sa rivale fondre sur elle, la culbuter, la couvrir de baisers, la manger de caresses, la dévorer jusqu’au centre le plus secret des plaisirs, se plaçant toujours de manière à recevoir les mêmes attaques. Les deux têtes se dérobaient entre les cuisses, ce n’était plus qu’un seul corps, agité, tourmenté convulsivement, d’où s’échappaient un râle sourd de volupté lubrique, suivi d’un double cri de joie.

— Elles jouissent ! elles jouissent ! répétaient aussitôt les nonnes damnées. Et les folles de se ruer égarées les unes sur les autres, plus furieuses que des bêtes qu’on lâche dans une arène.

Pressées de jouir à leur tour, elles tentaient les efforts les plus fougueux. À force de bonds et d’élans, les groupes se heurtaient entre eux et tombaient pêle-mêle à terre, haletants, rendus, lassés d’orgie et de luxure ; confusion grotesque de femmes nues, pâmées, expirantes, entassées dans le plus ignoble désordre et que venaient souvent éclairer les premiers feux du jour.