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Page:Musset - Gamiani ou Deux nuits d'excès.djvu/38

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comprend sa faute quand elle est commise et irréparable, elle se mit à pleurer ; la comtesse ne tarda pas à m’apostropher.

Gamiani

Monsieur, c’est une bien misérable surprise. Votre action n’est qu’un odieux guet-apens, une lâcheté infâme !… vous me forcez à rougir.

Je voulus me défendre.

Gamiani

Oh ! monsieur, sachez qu’une femme ne pardonne jamais à celui qui surprend sa faiblesse.

Je ripostai de mon mieux. Je déclarai une passion funeste, irrésistible, que sa froideur avait désespérée, réduite à la ruse, à la violence.

D’ailleurs, ajoutai-je, pouvez-vous croire, Gamiani, que j’abuse jamais de ma témérité. Oh ! non, ce serait trop ignoble. Je n’oublierai de ma vie l’excès de nos plaisirs, mais j’en garderai pour moi seul le souvenir. Si je fus