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coupable, songez que j’avais le délire dans le cœur, ou plutôt ne gardez qu’une pensée, celle des plaisirs que nous avons goûtés ensemble, que nous pouvons goûter encore.

M’adressant ensuite à Fanny, tandis que la comtesse dérobait sa tête, feignant de se désoler :

– Gardez-vous, mademoiselle, des larmes dans le plaisir, oh ! ne songez qu’à la douce félicité qui nous unissait tout à l’heure ; qu’elle reste dans vos souvenirs comme un rêve heureux, qui n’appartient qu’à vous, que vous seule savez. Je vous le jure, je ne gâterai jamais la pensée de mon bonheur en la confiant à d’autres.

La colère s’apaisa, les larmes se tarirent ; insensiblement, nous nous retrouvâmes tous les trois enlacés disputant de folies, de baisers, de caresses… Oh ! mes belles amies, que nulle crainte ne vienne vous troubler.

Livrons-nous sans réserve… comme si cette nuit était la dernière… à la joie, à la volupté.