Page:Musset - Gamiani ou Deux nuits d'excès.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 58 —

Mais voilà qu’une heure sonne, et aussitôt tous les diables s’appellent, se prennent par la main et forment une ronde immense.

La branle se donne, ils tournent, s’emportent et volent comme l’éclair.

Les plus faibles succombent dans ce tournoiement rapide, ce galop insensé. Leur chute fait culbuter les autres ; ce n’est plus qu’une horrible confusion, un pêle-mêle affreux d’enlacements grotesques, d’accouplements hideux ; chaos immonde de corps abîmés, tout tachés de luxure que vient dérober une fumée épaisse.

Gamiani

Vous brodez à merveille, Alcide ; votre rêve ferait bien dans un livre.

Alcide

Que voulez-vous ? Il faut passer la nuit… Écoutez encore ; la suite n’est plus que la réalité. Lorsque je fus remis de cet accès terrible, je me sentis moins lourd, mais plus abattu. Trois femmes, jeunes encore et vêtues