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Page:Musset - Gamiani ou Deux nuits d'excès.djvu/85

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Fanny

Quels discours ! Quels regards !… et je vous regarde, je vous regarde… Oh grâce pour moi. Je suis si faible, vous me fascinez… Quelle puissance as-tu donc !… Tu te mêles à ma chair, tu te mêles à mes os, tu es un poison… Oh ! oui, tu es horrible et… je t’aime…

Gamiani

Je t’aime ! je t’aime ! dis encore, dis encore, mais c’est un mot qui brûle.

Gamiani était pâle, immobile, les yeux ouverts, les mains jointes, à genoux devant Fanny. On eût dit que le ciel l’avait soudainement frappée pour la changer en marbre. Elle était sublime d’anéantissement et d’extase.

Fanny

Oui, oui ! je t’aime de toutes les forces de mon corps. Je te veux, je te désire. Oh ! j’en perdrai la tête.