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Page:Musset - Gamiani ou Deux nuits d'excès.djvu/89

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poignant avec rage, je sentis toute ma force d’homme s’agiter furibonde entre mes doigts serrés, tressaillir un instant, puis fondre et s’échapper en saillies brûlantes comme une rosée de feu. Jouissance étrange, qui vous brise, vous renverse à terre !

Revenu à moi, je me vis énervé. Mes paupières étaient lourdes. Ma tête se tenait à peine. Je voulus m’arracher de ma place ; un soupir de Fanny m’y retint. J’appartenais au démon de la chair. Tandis que mes mains se lassaient à ranimer ma puissance éteinte, je m’abîmais les yeux à contempler la scène qui me jetait dans un si horrible désordre.

Les poses étaient changées. Mes tribades se tenaient enfourchées l’une dans l’autre, cherchant à mêler leurs duvets touffus, à frotter leurs parties ensemble. Elles s’attaquaient, se refoulaient avec un acharnement et une vigueur que l’approche du plaisir peut seul donner à des femmes. On aurait dit qu’elles voulaient se fendre, se briser, tant leurs efforts étaient violents, tant leur respiration haletait,