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Insensiblement, je me trouvai étendue sur elle. Ses jambes étaient croisées sur mes reins, ses bras m’entouraient. Une chaleur tiède et pénétrante se répandait par tout mon corps. J’éprouvais un bien-être inconnu, délicieux, qui communiquait à mes os, à ma chair, je ne sais quelle sueur d’amour qui faisait couler en moi comme une douceur de lait. Vous êtes bonne, bien bonne, dis-je à la supérieure. Je vous aime, je suis heureuse près de vous. Je ne voudrais jamais vous quitter. Ma bouche se collait sur ses lèvres, et je reprenais avec ardeur : Oh ! oui, je vous aime à en mourir… Je ne sais… mais je sens…

La main de la supérieure me flattait avec lenteur. Son corps s’agitait doucement sous le mien. Sa toison dure et touffue se mêlait à la mienne, me piquait au vif et me causait un chatouillement diabolique. J’étais hors de moi, dans un frémissement si grand que tout mon corps tremblait. À un baiser violent que me donna la supérieure, je m’arrêtai