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subitement. Mon Dieu ! m’écriai-je, laissez-moi… Ah !… jamais rosée plus abondante, plus délicieuse, ne suivit un combat d’amour.

L’extase passée, loin d’être abattue, je me précipite de plus belle sur mon habile compagne, je la mange de caresses. Je prends sa main, je la porte à cette même place qu’elle vient d’irriter si fort. La supérieure me voyant de la sorte s’oublie elle-même, s’emporte comme une bacchante. Toutes deux nous disputons d’ardeur, de baisers, de morsures… Quelle agilité, quelle souplesse cette femme avait dans ses membres ! Son corps se pliait, s’étendait, se roulait à m’étourdir. Je n’y étais plus. J’avais à peine le temps de rendre un seul baiser à tous ceux qui me pleuvaient de la tête aux pieds. Il me semblait que j’étais mangée, dévorée en mille endroits ! Cette incroyable activité d’attouchements lubriques me mit dans un état qu’il est impossible de décrire. Ô Fanny ! que n’étais-tu témoin de nos assauts, de nos élans ! Si tu nous avais