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possédait ! Je hurlais sans mesure ; je m’abattais abîmée, ou m’élevais égarée, et toujours la pointe rapide, aiguë, m’atteignait, me perçait avec raideur ! Deux lèvres minces et fermes prenaient mon clitoris, le pinçaient, le pressaient à me détacher l’âme. Non, Fanny, il est impossible de sentir, de jouir de la sorte plus d’une fois dans sa vie. Quelle tension dans la chair et le sang. Je brûlais, je fondais et je sentais une bouche avide, insatiable, aspirer jusqu’à l’essence de ma vie. Je te l’assure, je fus desséchée, et j’aurais dû être inondée de sang et de liqueur. Mais que je fus heureuse ! Fanny, Fanny, je n’y tiens plus ! Quand je parle de ces excès, je crois éprouver encore ces mêmes titillations dévorantes. Achève-moi !… Plus vite, plus fort… bien ! ah ! bien, ah ! je meurs…

Fanny était pire qu’une louve affamée.

— Assez, assez, répétait Gamiani. Tu m’épuises, démon de fille. Je te supposais moins habile, moins passionnée. Je le vois, tu te développes. Le feu te pénètre.