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GAMIANI

Hélas ! je me trompais ; l’imagination était frappée : elle dépassait tous nos plaisirs. Rien n’égalait aux yeux de Fanny les transports de son amie. Nos plus forts accès lui semblaient de froides caresses, comparés aux fureurs qu’elle avait connues dans cette nuit funeste.

Elle m’avait juré de ne plus revoir Gamiani, mais son serment n’éteignait pas le désir qu’elle nourrissait en secret. Vainement elle luttait : ce combat intérieur ne servait qu’à l’irriter davantage. Je compris bientôt qu’elle ne résisterait pas. J’avais perdu sa confiance : il fallut me cacher pour l’observer.

À l’aide d’une ouverture habilement pratiquée, je pouvais la contempler chaque soir à son coucher. La malheureuse ! je la