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DEUXIÈME PARTIE

exquis, les vins chauds irritants étaient enlevés avec un appétit dévorant. Ces figures de femmes usées par la débauche, froides, pâles aux rayons du jour, se coloraient, s’échauffaient peu à peu. Les vapeurs bachiques, les apprêts cantharidés portaient le feu dans le corps, le trouble dans la tête. La conversation s’animait, bruissait confuse et se terminait toujours par des propos obscènes, des provocations délirantes, lancées, rendues au milieu des chansons, des rires, des éclats, du choc des verres et des flacons. Celle des nonnes la plus pressée, la plus emportée, tombait tout à coup sur sa voisine et lui donnait un baiser violent qui électrisait la bande entière. Les couples se formaient, s’enlaçaient, se tordaient dans de fougueuses étreintes. On