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GAMIANI

entendait le bruit des lèvres s’appliquant sur la chair ou s’entremêlant avec fureur. Puis partaient des soupirs étouffés, des paroles mourantes, des cris d’ardeur ou d’abattement. Bientôt les joues, les seins, les épaules ne suffisaient plus aux baisers sans frein. Les robes se relevaient ou se jetaient de côté. Alors, c’était un spectacle unique que tous ces corps de femmes, souples, gracieux, enchaînés nus l’un à l’autre, s’agitant, se pressant avec le raffinement, l’impétuosité d’une lubricité consommée. Si l’excès du plaisir différait trop au gré de l’impatient désir, on se détachait un instant pour reprendre haleine. On se contemplait avec des yeux de feu, et on luttait à qui rendrait la pose la plus lascive, la plus entraînante. Celle des deux qui triomphait