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III
DE LA COMTESSE DE C.

me tournait le dos. Il ne prit pas la peine de me regarder. Ses cheveux étaient blonds. Il était mince et me parut d’une taille ordinaire.

Je m’avançai un peu : ses mains étaient blanches et maigres ; il battait la mesure avec ses doigts sur son genou. Je me plaçai en face de lui : il leva les yeux sur moi. C’était un spectre plutôt qu’un homme. Je contemplai cette ruine prématurée, car il paraissait à peine avoir trente ans, malgré les rides qui sillonnaient son visage. — D’où viens-tu donc ? me dit-il, comme s’il sortait d’un rêve. Je ne te connais pas ! Je ne répondis rien. Il se mit à jurer.