Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/90

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attacher le médaillon sur la plaque et le portais ainsi. Ces clous, qui m’entraient dans la poitrine à chaque mouvement, me causaient une volupté si étrange, que j’y appuyais quelquefois ma main pour les sentir plus profondément. Je sais bien que c’est de la folie ; l’amour en fait bien d’autres.

Depuis que cette femme m’avait trahi, j’avais ôté le cruel médaillon. Je ne puis dire avec quelle tristesse j’en détachai la ceinture de fer, et quel soupir poussa mon cœur lorsqu’il s’en trouva délivré ! « Ah ! pauvres cicatrices, me dis-je, vous allez donc vous effacer ? Ah ! ma blessure, ma chère blessure, quel baume vais-je poser sur toi ? »

J’avais beau haïr cette femme ; elle était, pour ainsi dire, dans le sang de mes veines ; je la maudissais, mais j’en rêvais. Que faire à cela ? que faire à un rêve ? quelle raison donner à des souvenirs de chair et de sang ? Macbeth, ayant tué Duncan, dit que l’Océan